Comprendre l’origine biologique des combustibles fossiles
Le processus de formation des combustibles fossiles tire son origine d'organismes vivants végétaux et planctons enfouis. Comprendre ce processus permet de mieux appréhender leur caractère limité et les défis à relever pour opérer une transition énergétique.
Le processus de formation des combustibles fossiles
Les combustibles fossiles, tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel, sont issus d'un long processus de transformation de la matière organique au cours des temps géologiques. Leur formation résulte d'une série d'étapes complexes, impliquant des réactions biochimiques et des conditions environnementales spécifiques, qui s'étalent sur des millions d'années.
L'origine organique des combustibles fossiles
Les combustibles fossiles proviennent principalement de deux types de matière organique : les végétaux terrestres pour le charbon, et le plancton marin pour le pétrole et le gaz naturel. Cette matière organique, riche en carbone et en hydrogène, s'est accumulée dans des environnements sédimentaires particuliers au cours des ères géologiques.
Le charbon trouve son origine dans les restes de végétaux supérieurs, comme les fougères arborescentes et les prêles géantes, qui se sont développés dans les forêts marécageuses du Carbonifère, il y a environ 300 à 360 millions d'années. Les débris végétaux se sont accumulés dans des bassins sédimentaires, formant d'épaisses couches de tourbe.
Le pétrole et le gaz naturel, quant à eux, proviennent essentiellement de la décomposition du phytoplancton et du zooplancton marins. Ces organismes microscopiques, qui constituent la base de la chaîne alimentaire océanique, se sont déposés au fond des mers et des lacs, mélangés à des sédiments fins, formant des boues organiques riches en lipides et en protéines.
Les conditions anaérobies : un facteur clé
Pour que la matière organique puisse se transformer en combustibles fossiles, il est essentiel qu'elle soit préservée de l'oxydation et de la décomposition complète. Cela nécessite des conditions anaérobies, c'est-à-dire un environnement pauvre en oxygène, où l'activité des bactéries aérobies est limitée.
Dans le cas du charbon, les débris végétaux se sont accumulés dans des bassins marécageux, rapidement recouverts par des sédiments qui ont empêché leur exposition à l'oxygène atmosphérique. De même, pour le pétrole et le gaz, les boues organiques se sont déposées dans des environnements marins calmes et anoxiques, souvent associés à des mers peu profondes ou des lagunes.
Les transformations biochimiques et géologiques
Une fois enfouie, la matière organique subit une série de transformations biochimiques et géologiques complexes. Dans un premier temps, des bactéries anaérobies dégradent partiellement les composés organiques, libérant du méthane et du dioxyde de carbone. Cette étape, appelée diagenèse, conduit à la formation d'un matériau riche en carbone, le kérogène.
Avec l'augmentation de la profondeur d'enfouissement, le kérogène est soumis à des pressions et des températures croissantes. Entre 60 et 120 °C, il subit une pyrolyse naturelle, qui entraîne le craquage des molécules organiques et la formation d'hydrocarbures liquides et gazeux. C'est lors de cette étape, appelée catagenèse, que se forment le pétrole et le gaz naturel.
Pour le charbon, la transformation se poursuit avec la carbonisation, qui conduit à l'expulsion progressive des composés volatils et à l'enrichissement en carbone. On distingue ainsi différents stades de maturation du charbon, depuis la tourbe jusqu'à l'anthracite, en passant par le lignite et la houille.
Type de charbon
Teneur en carbone
Période de formation
Tourbe
55-60%
Holocène
Lignite
60-70%
Paléogène - Néogène
Houille
70-90%
Carbonifère - Permien
Anthracite
>90%
Carbonifère - Permien
La formation des combustibles fossiles s'étale donc sur des dizaines, voire des centaines de millions d'années, depuis le dépôt initial de la matière organique jusqu'à la genèse des gisements exploitables. Ce processus implique des conditions environnementales et géologiques spécifiques, ainsi que des transformations biochimiques et thermiques complexes, qui expliquent la nature non renouvelable de ces ressources énergétiques à l'échelle humaine.
Les différentes variétés de combustibles fossiles et leurs spécificités
Les combustibles fossiles, issus de la transformation de matière organique sur des millions d'années, se présentent sous différentes formes ayant chacune leurs spécificités. Du charbon au gaz naturel en passant par le pétrole, ces ressources énergétiques ont des compositions chimiques et des utilisations industrielles variées qu'il est important de connaître.
Les différents types de charbon
Le charbon, formé à partir de végétaux terrestres, existe sous plusieurs variétés selon son degré de maturation. La tourbe, peu enfouie, laisse encore apparaître des restes végétaux reconnaissables. Viennent ensuite le lignite, le charbon sub-bitumineux, le charbon bitumineux et enfin l'anthracite, le plus mature. Au cours de cette évolution, la teneur en carbone augmente progressivement :
Type de charbon
Taux de carbone
Tourbe
50 à 55%
Lignite
55 à 75%
Houille
75 à 90%
Anthracite
90 à 95%
Chaque type de charbon a des usages spécifiques. L'anthracite, très pur en carbone, sert au chauffage domestique. Le lignite alimente plutôt des chaudières industrielles. La tourbe séchée est encore utilisée pour chauffer certaines maisons, notamment en Irlande. Enfin, le coke, obtenu à partir de houille, est indispensable en sidérurgie pour fabriquer la fonte.
Le pétrole et ses différentes qualités
Contrairement au charbon, le pétrole provient essentiellement d'organismes marins planctoniques. Piégé dans des roches poreuses, il se décline en trois types principaux selon la nature des hydrocarbures qui le composent majoritairement :
Les pétroles paraffiniques, riches en alcanes linéaires
Les pétroles naphténiques, dominés par les hydrocarbures cycliques
Les pétroles aromatiques, contenant une forte proportion de cycles benzéniques
Ces différences de composition déterminent la qualité du pétrole brut et son usage futur. Les pétroles légers, plutôt paraffiniques, sont les plus prisés car ils permettent d'obtenir une forte proportion de carburants par raffinage. Les bruts lourds, souvent naphténiques ou aromatiques, servent davantage à produire des fiouls, des lubrifiants ou du bitume.
Le gaz naturel, un combustible gazeux
Associé au pétrole dans les gisements, le gaz naturel est constitué très majoritairement de méthane (CH4), la plus petite molécule d'hydrocarbure. Plus léger que l'air, il doit être comprimé ou liquéfié pour être transporté et stocké efficacement.
Peu polluant, le gaz naturel sert au chauffage domestique et industriel ainsi qu'à la production d'électricité dans des centrales à cycle combiné. Il est aussi utilisé comme matière première dans l'industrie chimique, notamment pour la fabrication d'engrais azotés.
Ainsi, chaque combustible fossile a des propriétés et des applications qui lui sont propres, en lien avec son origine et sa composition. Leur exploitation, essentielle pour répondre à nos besoins énergétiques, doit cependant être gérée de façon raisonnée car leurs réserves sont limitées et non renouvelables à notre échelle de temps.
Les réserves mondiales et leur exploitation
Les combustibles fossiles représentent la majeure partie de l'énergie consommée dans le monde. Cependant, ces ressources ne sont pas inépuisables et leur répartition géographique est inégale. Examinons de plus près les réserves mondiales de charbon, de pétrole et de gaz naturel, ainsi que les défis liés à leur exploitation.
Répartition géographique des réserves
Les principaux gisements de charbon se trouvent aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Inde et en Australie. Pour le pétrole, les réserves les plus importantes sont situées au Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Iran, Irak, Koweït), en Amérique du Nord (États-Unis, Canada) et en Russie. Quant au gaz naturel, la Russie, l'Iran et le Qatar possèdent les plus grands gisements.
Réserves prouvées par région du monde
Région
Charbon (Gt)
Pétrole (Gb)
Gaz naturel (Tcm)
Amérique du Nord
258
238
16
Amérique du Sud
14
325
8
Europe
137
14
5
Eurasie
304
144
75
Moyen-Orient
1
834
81
Afrique
15
125
14
Asie-Pacifique
457
48
21
Gt : milliards de tonnes, Gb : milliards de barils, Tcm : milliers de milliards de mètres cubes
Consommation mondiale d'énergie primaire
En 2021, les combustibles fossiles représentaient 80,3% de la consommation mondiale d'énergie primaire :
Pétrole : 29,5%
Charbon : 27,2%
Gaz naturel : 23,6%
Défis techniques et environnementaux
L'extraction et l'exploitation des combustibles fossiles soulèvent de nombreux défis. Sur le plan technique, l'accès à des gisements de plus en plus profonds ou difficiles d'accès nécessite des technologies coûteuses et complexes (forages en eaux profondes, fracturation hydraulique pour les gaz de schiste...).
Sur le plan environnemental, l'exploitation des combustibles fossiles génère une pollution de l'air (particules fines, oxydes d'azote et de soufre), de l'eau (marées noires, eaux usées) et des sols. Elle contribue massivement aux émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.
Projections sur l'épuisement des réserves
Au rythme actuel de consommation, les réserves prouvées de pétrole seraient épuisées d'ici une cinquantaine d'années, celles de gaz naturel d'ici environ 50 ans également. Pour le charbon, les estimations varient entre 100 et 200 ans selon les sources. Cependant, pour limiter le réchauffement climatique, il faudrait laisser une grande partie de ces réserves dans le sous-sol et accélérer la transition vers des énergies bas carbone.
Impact environnemental et alternatives aux combustibles fossiles
L'utilisation massive des combustibles fossiles depuis la révolution industrielle a eu un impact considérable sur l'environnement. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d'autres gaz à effet de serre résultant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel sont les principales causes du changement climatique. De plus, l'extraction et l'exploitation de ces ressources entraînent une pollution de l'air et de l'eau, menaçant la santé humaine et les écosystèmes. Face à ces défis, le développement des énergies renouvelables apparaît comme une alternative cruciale pour un avenir durable.
Émissions de CO2 et contribution au changement climatique
Les combustibles fossiles sont responsables de la majeure partie des émissions anthropiques de CO2. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), en 2019, le charbon a contribué à 44% des émissions de CO2 liées à l'énergie, suivi du pétrole (34%) et du gaz naturel (22%). Au total, les combustibles fossiles ont représenté 82% des émissions mondiales de CO2.
Combustible fossile
Émissions de CO2 en 2019 (Gt)
Part des émissions (%)
Charbon
14,6
44%
Pétrole
11,3
34%
Gaz naturel
7,3
22%
L'accumulation de ces gaz à effet de serre dans l'atmosphère entraîne une augmentation de la température moyenne de la Terre, provoquant des perturbations climatiques telles que la hausse du niveau des mers, l'intensification des événements météorologiques extrêmes et la modification des écosystèmes.
Pollution de l'air et de l'eau
Outre les émissions de CO2, la combustion des énergies fossiles libère d'autres polluants atmosphériques comme les oxydes d'azote (NOx), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules fines (PM2.5). Ces polluants ont des effets néfastes sur la santé humaine, provoquant des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution de l'air extérieur est responsable de 4,2 millions de décès prématurés chaque année dans le monde.
L'extraction et le transport des combustibles fossiles peuvent également entraîner une pollution des sols et des eaux. Les marées noires, les fuites de pétrole et les rejets d'eaux usées contaminées par l'exploitation des hydrocarbures menacent les écosystèmes marins et les ressources en eau douce.
Énergies renouvelables : une alternative durable
Face aux impacts environnementaux des combustibles fossiles, le développement des énergies renouvelables apparaît comme une nécessité. Les sources d'énergie telles que le solaire, l'éolien, l'hydroélectricité et la géothermie offrent une alternative propre et durable. Contrairement aux combustibles fossiles, ces énergies ne s'épuisent pas et n'émettent pas de gaz à effet de serre lors de leur production.
En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a fixé des objectifs ambitieux pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et développer les renouvelables. Le pays vise à porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation finale brute d'énergie en 2030, contre 17,2% en 2019. Des mesures incitatives, comme les tarifs d'achat garantis et les appels d'offres, ont été mises en place pour soutenir le déploiement des installations solaires et éoliennes.
Investir dans les énergies renouvelables permet non seulement de réduire l'empreinte carbone et la pollution, mais aussi de créer des emplois durables et de renforcer l'indépendance énergétique. Selon l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), la filière des énergies renouvelables employait près de 100 000 personnes en France en 2019.
Le développement des énergies alternatives est crucial pour relever les défis environnementaux et climatiques posés par l'utilisation excessive des combustibles fossiles. Une transition énergétique vers un mix basé sur les renouvelables permettra de construire un avenir plus durable et résilient pour les générations futures.
L'essentiel à retenir sur l'origine biologique des combustibles fossiles
Les combustibles fossiles sont le fruit d'une longue transformation de la matière organique enfouis sous d'immenses pressions au fil des ères géologiques. Bien que précieuses sources d'énergie, leurs réserves s'épuisent et leur impact environnemental nécessite le développement rapide d'alternatives renouvelables et plus respectueuses de la planète.
Rénovation énergétique
La rénovation énergétique prend en compte les types de travaux permettant d’optimiser la performance énergétique d’une habitation. Les travaux de rénovation énergétique permettent de préserver l’environnement.
Travaux d'isolation
L'isolation thermique augmente le confort thermique d’un logement. Cela permet de réduire les dépenses énergétiques du foyer. L’objectif est de supprimer les transferts de chaleur et d’améliorer le confort interne.
Étude thermique
L’étude thermique vérifie la conformité d’un logement concernant sa consommation d’énergie. Elle analyse les dispositifs consommateurs d’énergie au sein d’une maison ou d’un appartement et s’intéresse au poste d’isolation.